Pourquoi la mère est-elle d’une part objet d’amour, et d’autre part objet de haine ? Pourquoi, chez le nourrisson, les moments de séparation provoquent-ils une telle angoisse ?
Avant Mélanie Klein et Winnicott, Otto Rank jeta les bases de la psychanalyse des tous premiers stades de la vie.
Le traumatisme de naitre n’est pas celui de l’accouchement, mais celui d’une perte. Chaque nouvelle vie trouve son premier objet qui n’est autre que la mère, pour le perdre aussitôt : il s’agit de la catastrophe originaire. Même avec la plus douce des mères et la naissance la moins violente, l’être humain naît dans l’angoisse.
Le cri primal en est l’une des preuves. C’est un cri que les nourrissons émettent peu de temps après leur naissance, et qui est considéré comme une expression de l’angoisse qu’ils ressentent face à leur nouvelle situation de séparation. Voici l’acte premier d’une tragédie qui se vit autant dans le corps que dans le psychisme, et qui ouvre à notre relation ambivalente à la mère, avant l’apparition de toute forme d’Œdipe.
La relation entre la mère et l’enfant est complexe et ambivalente, car elle est à la fois une source d’amour et de protection pour l’enfant, mais elle peut également être une source d’angoisse et de conflit. Les moments de séparation entre la mère et l’enfant, même temporaires, peuvent provoquer une grande angoisse chez le nourrisson, car ils sont perçus comme une perte de l’objet aimé.
Un exemple concret de cette ambivalence est lorsque la mère essaie de nourrir son enfant, mais que l’enfant est trop affamé et impatient. L’enfant peut alors ressentir de la frustration et de la colère envers sa mère, tout en ayant simultanément besoin d’elle pour se nourrir et se sentir en sécurité.
Le traumatisme de la naissance n’est pas seulement lié à l’accouchement, mais plutôt à la perte de l’unité avec la mère. Le nouveau-né passe de l’état de fusion avec sa mère à un état de séparation, ce qui peut provoquer une grande angoisse. Même si l’accouchement se déroule sans complications, le bébé ressent une sensation de perte et de séparation qui peut être traumatisante.
Ces premières expériences de séparation et d’angoisse peuvent influencer la relation de l’enfant avec sa mère tout au long de sa vie, en créant une ambivalence envers elle. Cette relation peut être marquée par des sentiments d’amour et de protection, ainsi que de la colère et de la frustration, ce qui peut se manifester à travers différents comportements et sentiments tout au long de la vie de l’individu.